L’on ose reconnaître que la lutte contre la corruption n’est pas si simple. Elle ne l’est pour aucune partie concernée dans ce grand dossier. Et pas davantage pour ceux qui s’y intéressent de près.
On le savait déjà, la guerre contre la corruption ne devait pas être gagnée d’avance. Sans faire de parallèle, et encore moins verser dans des commentaires d’accusation et de procès ouverts aux différentes interprétations, on peut tout de même avancer que les circuits favorisant les manœuvres illégales ont été banalisés tout au long de la décennie noire. Le profil du responsable avait changé, l’essence de la responsabilité et la nature des acteurs encore davantage. Le recours à des méthodes et des activités controversées et illicites touchait pratiquement tous les domaines. Tout au long de cette période, les valeurs morales et toute la signification qui s’y rattachait, étaient bafouées.
Dans un environnement marqué par un dérèglement évident et une intempérance réelle, et où l’argent et l’enrichissement illicite étaient devenus maîtres absolus, l’image était déplorable. Elle dépendait beaucoup trop des déviations dans lesquelles le pays était entraîné et dont beaucoup de parties assumaient une grande responsabilité. D’ailleurs, lorsque l’on associe politique et corruption, certains ont une fâcheuse tendance à venir directement à l’esprit. Rien ne plaide en faveur d’une réputation sans tache pour beaucoup de politiques.
Il faut dire que pareil dérapage n’était pas uniquement lié aux secteurs sensibles et stratégiques. C’était aussi pareil à d’autres niveaux d’activités. La généralisation de la corruption tout au long de la décennie noire a eu de graves retombées sur l’économie du pays. On avait toujours affaire à des pratiques fortement douteuses, qui se transformaient souvent en une descente dans les bas-fonds.
Aujourd’hui, les langues se délient de plus en plus et les enquêtes se succèdent pour révéler des comportements qui pourraient être qualifiés de complètement déviants. Le vendredi 31 mars 2023, peu après minuit, la présidence de la république avait annoncé que le Chef de l’Etat avait décidé de démettre le gouverneur de Gabès de ses fonctions, relevant qu’une information judiciaire a été ouverte à l’encontre de ce dernier pour «plusieurs actes commis et considérés comme criminels par la loi».
Le limogeage du gouverneur de Gabès a surpris certains observateurs dans la mesure où il a été très actif pendant la campagne présidentielle de Kaïs Saïed et qu’il était parmi ses soutiens.
Mais le message est clair : personne ne peut être au-dessus de la loi. Même, comme le confirme le Président de la République, «ceux qui sont au pouvoir ».